31 décembre 2015
Carnet / En écoutant le concerto en fa
Après ce beau Noël au balcon, en famille, j’attends le dernier poème de l’année. Il ne vient pas. Sans doute préfère-t-il se présenter comme le premier du nouvel an. Alors, attendons. Peut-être arrivera-t-il avec les Rois mages.
Chez moi, ce Noël (photo MCC-E)
Le concerto en fa de Gershwin. Je l’écoutais en boucle dès mon adolescence et je n’ai jamais cessé d’y revenir. Je viens d’en découvrir une magnifique interprétation du pianiste Earl Wild, celle que je préfère désormais entre toutes. Ce concerto est à lui seul un concentré de toutes les grandes émotions humaines, comme si le compositeur à la vie si brève (Gershwin est mort à trente-huit ans) avait tout appris en accéléré.
Retrouvé par hasard à la civette Le Havane à Bourg-en-Bresse le cigare de ma jeunesse, le Por Larrañaga Montecarlo, un format panetela (plus mince et plus allongé que les classiques coronas) qui semble revenir un peu à la mode. Je commencerai sûrement l’année avec ce revenant, à moins que je ne lui préfère au dernier moment un Hoyo de Monterrey...
Vite oublié l’abondant épisode neigeux de fin novembre... Quel réconfort d’avoir vu fondre la neige si vite devant ma porte et dans les champs derrière la maison. J’ai savouré la mélopée des gouttières et de la pluie contre les vitres, le grand redoux, la verdure qui réapparaissait, les silhouettes des frênes qui se redressaient, les miroitements dans les flaques d’eau, les effluves d’herbe et de terre mouillée, tous ces petits signes qui laissent toujours espérer un hiver bref et un printemps précoce, même si l’on ne se fait pas trop d’illusions.
Peut-être ai-je pris la neige en aversion parce que je suis devenu vieux, que j’ai perdu mon regard d’enfant. Et si c’était au contraire l’enfance têtue qui s’accroche à ces cinquante-six balais, à cette adolescence de la vieillesse à jamais insatiable de douceur et de couleurs tendres, cette douceur et ces couleurs des belles heures en éclosion qui pointent comme des perce-neige ou qui tremblent comme des cœurs d’anémones au milieu des pâturages à peine essorés par les eaux de la décroissance des jours en attente du basculement vers les lueurs nouvelles ?
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15 décembre 2015
Carnet / Du troisième dimanche de l’Avent
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11 décembre 2015
Carnet / L’écriture et la vie de Laurence Tardieu (rencontre avec l'auteure aujourd'hui vendredi à la médiathèque d'Oyonnax)
Journal d’une possible renaissance à l’écriture et à une certaine intensité de vie puisant dans un questionnement sur le sens de la littérature, L’écriture et la vie de Laurence Tardieu (éd. des Busclats) peut être considéré comme un livre de doute et d’espoir. L’auteure y témoigne d’une rupture majeure dans l’évolution de son œuvre romanesque déjà conséquente, un de ces épisodes de vide et de perte que tout écrivain peut connaître un jour et se trouver en situation de résoudre (ou de ne pas résoudre) en fonction de son individualité et de son expérience. Pour Laurence Tardieu, cette crise violente qui n’a évidemment rien à voir avec ce qu’on appelle vulgairement « la panne d’inspiration » est l’occasion d’une transition en vue d’une nouvelle traversée. « J’ai écrit ici, dans ce journal, que l’écriture était pour moi de l’ordre de la traversée » note-t-elle. « Qu’au terme de l’écriture d’un livre, j’ai le sentiment d’avoir abordé un nouveau rivage. »
Bien que presque toujours en désaccord avec la vision qu’a Laurence Tardieu du sens de la création littéraire (à l’exception de la notion de traversée), j’ai lu L’écriture et la vie avec intérêt, même si je pense que le nouveau chemin qu'elle explore ne mène qu'à une impasse.
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